RDC : le Parlement européen vote à 443 voix pour la suspension du partenariat UE-Rwanda

Avec une écrasante majorité de 443 voix contre 4, le Parlement européen a adopté ce jeudi une résolution demandant à l’Union européenne de suspendre immédiatement son protocole d’accord avec le Rwanda sur les matières premières. Cette décision fait suite aux accusations portées contre Kigali, accusé de soutenir la rébellion du M23 qui déstabilise l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Le Parlement européen exige que ce partenariat reste gelé tant que le Rwanda n’aura pas prouvé qu’il a mis fin à son ingérence en RDC et cessé d’exporter des minerais provenant des zones sous contrôle du M23. Cette coopération commerciale, signée en février 2024, avait dès le départ été dénoncée par le président congolais Félix Tshisekedi, qui l’accusait de légitimer « le pillage des ressources naturelles congolaises » par Kigali.
Mounir Satouri, eurodéputé écologiste et président de la Commission sur les droits humains, a qualifié cet accord d’« indéfendable ». Il estime qu’il est inacceptable de maintenir un partenariat avec un pays impliqué dans un conflit armé : « On ne peut pas laisser couler le sang dans l’est du Congo tout en commerçant des minerais avec le Rwanda. »
Des sanctions plus dures contre Kigali
Au-delà de la suspension de l’accord, la résolution adoptée par le Parlement européen demande au Rwanda de retirer ses troupes du territoire congolais et de rompre tout lien avec le M23. Elle appelle également la Commission européenne et les États membres à :
- Geler toute aide budgétaire directe au Rwanda,
- Suspendre l’assistance militaire et sécuritaire aux forces armées rwandaises,
- Revoir les relations diplomatiques avec Kigali tant que la situation en RDC ne s’améliore pas.
Certains eurodéputés, dont Hilde Vautmans, plaident même pour l’annulation des Championnats du monde de cyclisme sur route prévus en septembre 2025 à Kigali, estimant que le Rwanda ne peut pas être un hôte légitime d’un tel événement en pleine crise sécuritaire.
Ce vote marque un tournant dans l’approche de l’Union européenne vis-à-vis du conflit congolais. Reste à savoir si ces recommandations seront suivies d’effets concrets dans la politique étrangère européenne.
DKM