Butembo : plus de 60 militaires FARDC face à la justice pour vol, viol et fuite devant l'ennemi

Le tribunal militaire de garnison de Butembo s’apprête à rendre son verdict ce mardi 25 février dans une affaire retentissante impliquant plus de 60 militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Accusés de vol, d’extorsion et d’autres exactions perpétrées dans le territoire de Lubero, notamment à Lubero-Centre, Kimbulu et Musienene, ces soldats devront répondre de leurs actes devant la justice. Ouvert la veille, le lundi 24 février, ce procès éclair a captivé l’attention d’une population lasse des abus commis par ceux censés assurer sa sécurité.
L’affaire survient dans un climat particulièrement tendu, alors que les rebelles du M23 poursuivent leur progression dans l’est du pays, mettant à rude épreuve les forces loyalistes. Les militaires incriminés auraient profité du chaos ambiant pour s’en prendre aux civils, transformant leur mission de protection en une série d’actes répréhensibles.
Ces accusations jettent une lumière crue sur les défis auxquels font face les FARDC, souvent décriées pour leur manque de discipline dans les zones de conflit. Pour beaucoup, ce procès représente une opportunité rare de voir la justice s’exercer là où l’impunité a trop longtemps régné.
À Musienene, Kimbulu et Lubero-Centre, les habitants suivent l’issue de ce jugement avec un mélange d’espoir et de scepticisme.
"On veut croire que cette fois, les coupables seront punis, mais on a vu trop de promesses non tenues", confie un habitant de Musienene, qui préfère rester anonyme. La population locale, victime directe des agissements de ces soldats, attend des sanctions exemplaires pour restaurer un semblant de confiance envers l’armée.
Ce verdict pourrait également envoyer un signal fort aux troupes déployées dans la région, où la lutte contre les groupes armés exige une discipline sans faille.
Au-delà de son impact local, ce délibéré est perçu comme un test décisif pour la crédibilité de la justice militaire congolaise.
Dans un pays où les forces armées sont régulièrement pointées du doigt pour des violations des droits humains, une condamnation ferme des accusés pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les abus de pouvoir. Alors que les regards convergent vers Butembo ce mardi, ce jugement a le potentiel d’établir un précédent, redonnant espoir à une population épuisée par des décennies de violences et d’injustices. Le verdict, quel qu’il soit, résonnera bien au-delà des murs du tribunal.
Paulin AGANZE