Nord-Kivu : une année scolaire 2024-2025 bouleversée par l’insécurité et la crise humanitaire

L’année scolaire 2024-2025 se referme dans la douleur pour de nombreuses écoles de la province du Nord-Kivu, en particulier dans les zones sous contrôle ou influence du mouvement rebelle M23. La persistance de l’insécurité, les déplacements massifs de populations et l’effondrement des moyens de subsistance ont gravement perturbé le fonctionnement normal du système éducatif.
### **Des écoles désertées ou déplacées**
Dans plusieurs localités proches de Goma – comme Rutshuru, Nyiragongo ou Masisi, les écoles sont soit fermées, soit déplacées vers des zones jugées plus sûres. Des milliers d’élèves n’ont pas pu suivre une scolarité régulière cette année. À Goma même, bien que la ville reste sous contrôle du mouvement AFC/M23, les tensions sécuritaires et l'afflux de déplacés internes ont désorganisé les structures éducatives.
« Depuis que notre école a été bombarder, nous étudions sous des tentes, sans bancs ni tableaux. Beaucoup d’enfants ont abandonné à cause de la peur », témoigne Marie kabuo, une élève de 14 ans déplacée de Rutshuru vers une école à la périphérie de Goma.
Enseignants non payés et démoralisés
Les enseignants sont également les grandes victimes de cette crise. Dans les zones occupées, plusieurs d’entre eux n’ont pas pu toucher leurs salaires depuis des mois, et certains ont fui les violences pour se réfugier dans d’autres provinces. L’absence de suivi administratif et pédagogique rend presque impossible l’organisation normale des examens de fin d’année.
« Nous faisons ce que nous pouvons, mais comment enseigner quand on ne sait même pas si on sera payé, et quand nos élèves arrivent affamés ou traumatisés ? », confie un enseignant du secondaire à Goma, sous couvert d’anonymat.
Un avenir compromis pour une génération
La désorganisation actuelle risque de laisser des traces durables. Les examens de fin d’année ont été reportés ou annulés dans certaines zones. Pour les élèves en année terminale, les perspectives d’un avenir académique ou professionnel sont désormais très incertaines.
Des ONG locales et internationales tirent la sonnette d’alarme, sans réponse urgente et coordonnée du gouvernement congolais et de ses partenaires, une génération entière risque d’être sacrifiée. Le droit à l’éducation, pourtant garanti par la Constitution, semble aujourd’hui hors de portée pour des dizaines de milliers d’enfants du Nord-Kivu.