Nord-Kivu 1 : Plus de 11 000 filles bravent la guerre pour passer l’examen d’État 2025

Nord-Kivu 1 : Plus de 11 000 filles bravent la guerre pour passer l’examen d’État 2025
Photo : Samuel ABIBA , les élèves finalistes en uniforme au lancement d’examen d'État à l’institut kyeshero

Ce jour restera gravé dans la mémoire des finalistes de l’Est de la République Démocratique du Congo. À Goma comme à Bukavu, malgré les stigmates d’une guerre qui a secoué la région en janvier dernier, plus de 11 000 jeunes filles prennent part aux épreuves de l’examen d’État 2025.

Malgré les armes, l’espoir n’a pas été réduit au silence.

« On n’y croyait plus… La guerre a tout bouleversé. Mais aujourd’hui, nous y sommes. Grâce à Dieu, nous écrivons notre avenir. », confie, le regard plein de fierté, une élève rencontrée au centre de lancement des épreuves. 

Depuis le début de l’année, l’Est du pays est déstabilisé par des affrontements armés, forçant des milliers d’élèves à fuir vers d’autres provinces, voire au-delà des frontières. Celles qui sont restées affrontent au quotidien la peur, la précarité et l’incertitude.

Et pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 23 323 candidats sont inscrits dans la province éducationnelle Nord-Kivu 1, dont 49,5 % sont des filles. Un chiffre porteur d’espoir dans une zone où l’éducation a longtemps été sacrifiée, et où celle des filles reste particulièrement vulnérable. « C’est un signal fort : malgré tout, l’éducation résiste. Elle est notre pilier pour reconstruire demain. », déclare Mashagiro Ngangi, Directeur provincial de l’éducation du Nord-Kivu 1.

Dans ce contexte de guerre, chaque geste du quotidien devient un acte de résistance. Pour ces jeunes filles, passer leur bac n’est pas qu’un examen c’est une affirmation de leur dignité et de leur droit à rêver.

Qu’elles soient à Goma, Masisi, Nyiragongo ou Rutshuru, elles incarnent une génération qui refuse de céder aux ténèbres de la guerre. Elles affrontent ces épreuves non seulement pour obtenir un diplôme, mais aussi pour dire au monde que les rêves des femmes et des filles ne doivent pas s’effacer derrière les lignes de front.

Le vice-gouverneur du Nord-Kivu sous l’administration de l’AFC/M23, Shadrack Amani, a rassuré la population sur la sécurité du déroulement des examens ; « Nous sommes ici, comme vous le savez, pour le lancement de ce qu’on appelle l’examen d’État. Nous sommes venus rassurer, observer, et nous assurer que tout se passe bien pour les enfants. Je remercie également notre partenaire, l’UNICEF, qui facilite le transport des items dans Goma et à l’intérieur de la province. »

Alors que les épreuves se poursuivent partout en république, l’Est du Congo écrit une page de résilience collective. Et en première ligne de cette résistance des milliers de jeunes filles, dont le courage est devenu l’étendard d’un avenir qu’elles refusent d’abandonner.