Le Procureur de la CPI pose ses valises en RDC pour documenter les crimes contre l'humanité

Le Procureur de la CPI pose ses valises en RDC pour documenter les crimes contre l'humanité

Karim Khan, procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), a foulé le sol de la République démocratique du Congo (RDC) ce lundi 23 février 2025 pour une visite très attendue. Cette arrivée marque une étape cruciale dans l’engagement de la CPI à enquêter sur les crimes graves commis dans l’est du pays, une région en proie à des violences persistantes. 

Accueilli à Kinshasa, Khan a réaffirmé la détermination de son bureau à faire progresser la justice face aux atrocités qui déchirent le Nord-Kivu et d’autres provinces depuis des années.

Cette visite intervient dans un contexte tendu, alors que la RDC fait face à une recrudescence des affrontements, notamment avec l’avancée des rebelles du M23, soutenus selon plusieurs sources par le Rwanda. Rencontrant des officiels du gouvernement, des représentants de la MONUSCO, ainsi que des victimes et des acteurs de la société civile, le procureur cherche à renforcer les partenariats locaux pour accélérer les enquêtes. Depuis janvier 2022, les crimes présumés relevant du Statut de Rome, tels que les massacres, viols et attaques contre les civils, sont dans le viseur de la CPI, qui avait annoncé la réactivation de ses investigations en octobre dernier.

L’arrivée de Khan à Kinshasa fait suite à une rencontre stratégique avec le président Félix Tshisekedi, le 14 février, en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité. Ce tête-à-tête avait permis de poser les bases d’une collaboration renforcée entre la CPI et les autorités congolaises, dans un pays où l’impunité a trop souvent prévalu. Le procureur a également échangé avec Bintou Keita, représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en RDC, soulignant la nécessité d’une action collective pour mobiliser une approche globale de la responsabilité pénale.

Pour les Congolais, cette visite suscite autant d’espoir que de scepticisme. Si certains saluent l’implication de la CPI comme une chance de voir les responsables de crimes internationaux enfin jugés, d’autres doutent de la capacité de cette institution à transformer des enquêtes en condamnations concrètes. Alors que Karim Khan arpente le terrain, l’enjeu est clair : traduire en actes les promesses de justice internationale et redonner confiance à un peuple épuisé par des décennies de conflit. Cette mission pourrait bien être un test décisif pour la crédibilité de la CPI en Afrique.