Interdiction d'importer les bières et les boissons gazeuses en RDC: quelles mesures d'accompagnement de cette décision ?
L'annonce de l'interdiction d'importation des bières et boissons gazeuses en République Démocratique du Congo (RDC) par le ministre du Commerce extérieur la semaine dernière, Julien Paluku Kahongya, a suscité de nombreuses réactions. Cette décision, effective pour une période de 12 mois, vise à stimuler l'industrie locale. Cependant, des interrogations persistent quant aux mesures d'accompagnement nécessaires pour assurer son succès.
Selon Johnson Ishara, économiste basé à Goma, le gouvernement doit avant tout renforcer la production locale avant de mettre en œuvre une telle interdiction. "Quel est l'état actuel de nos usines locales ?" s'interroge-t-il. "Dans une économie protectionniste, c'est une bonne décision, mais devons-nous commencer par là ?"
Ishara souligne que plusieurs zones de l'Est du pays dépendent des importations en raison de l'inefficacité des usines locales, souvent entravées par des infrastructures défaillantes et l'insécurité. "Les routes impraticables et l'insécurité rendent le fonctionnement des usines locales difficile. Le ministre devrait d’abord instaurer des stratégies préventives pour surmonter ces défis."
L'arrêté ministériel, publié le 18 juillet dernier, a confié la mise en œuvre de cette interdiction à plusieurs organes étatiques, dont le Secrétariat général du Commerce, la Direction de douane et accises, l'Office Congolais de Contrôle, la Direction des migrations et la Direction du programme national d'hygiène aux frontières. Ces institutions sont chargées de veiller à l'application rigoureuse de cette décision.
Cette mesure, bien que visant à protéger l'industrie locale et encourager la production nationale, nécessite des actions concrètes pour soutenir les producteurs locaux et assurer une transition fluide. Des investissements dans les infrastructures, une amélioration des conditions de sécurité et des politiques de soutien aux entreprises locales seront essentiels pour que cette interdiction puisse véritablement bénéficier à l'économie congolaise.
En somme, bien que l'interdiction de l'importation des bières et boissons gazeuses soit un pas vers la promotion de l'industrie locale, elle doit s'accompagner de mesures solides pour garantir son efficacité et éviter des pénuries ou une hausse des prix qui pourraient affecter les consommateurs.