Le retour de Kabila: une charge de plus contre Tshisekedi et son régime ? ( Interview )
Pendant que le pays est sous le poids d'une crise multidimensionnelle et après plusieurs années de silence de mort, l'ancien président de la RDC Joseph Kabila Kabange est enfin sorti de son silence qui semblait être éternel.
Dans une interview accordée à un média sud africain, les premiers mots sortis de la bouche de Joseph Kabila ne sont que des accusations et critiques farouches contre le pouvoir en place en RDC.
Selon des propositions rapportées par ses proches, Kabila accuse son successeur d'avoir conduit la RDC au bord de l'abîme, pointant du doigt une gestion désastreuse marquée par l'insécurité galopante dans l'est et une économie en chute libre. Joseph Kabila, qui avait cédé le pouvoir en 2019 après 18 ans de règne, semble vouloir rappeler qu'il reste une figure incontournable de la politique congolaise.
Dans cette sortie médiatique, Kabila rejette tout compromis avec l'administration actuelle, allant jusqu'à exiger la démission immédiate de Tshisekedi.
Il dénonce une trahison du Pacte Républicain, cet accord issue du Dialogue de Sun City en 2002 auquel il avait contribué sous la médiation de Thabo Mbeki, et qui avait permis de poser les bases d'une paix fragile et d'une constitution adoptée en 2006.
Pour lui, la crise actuelle qu'il qualifie de multidimensionnelle découle directement de la rupture de ce cadre par Tshisekedi, notamment via des violations constitutionnelles et des élections frauduleuses en 2023. L'ancien président fustige aussi l'incapacité du régime à juguler les violences dans l'est, où le M23 et d'autres groupes armés prospèrent, aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique.
Le ton radical de Kabila n'épargne pas les partenaires régionaux comme la SADC , qu'il accuse implicitement de fermer les yeux sur les dérives autoritaires de Kinshasa au profit d'une approche militaire d'inefficacité. En filigrane, il défend son propre bilan, rappelant que le Pacte Républicain avait permis une réunification nationale et une première alternance pacifique, malgré ses propres controverses, comme les scrutins contestés de 2011 et les rapports électoraux de 2016.
Cette offensive médiatique intervient alors que son camp, le Front Commun pour le Congo ( FCC ), tente de se restructurer face à un pouvoir fragilisé par les critiques. Kabila joue ainsi sur la corde sensible d'une population désabusée, cherchant à capitaliser sur le plaisir général pour reprendre une place centrale dans le jeu politique.