Les reines de l’ananas : À Maboya, des femmes rurales transforment la route en marché de survie

Les reines de l’ananas : À Maboya, des femmes rurales transforment la route en marché de survie

Le long de la poussiéreuse route qui relie Butembo à Beni, une scène revient jour après jour : des femmes groupées autour d’une voiture surchargée, vendant avec détermination des ananas soigneusement empilés. Ces fruits tropicaux, cultivés dans les collines fertiles de Maboya dans le territoire de Beni, ne sont pas seulement une source de revenus, mais aussi le moteur d’un espoir collectif pour des dizaines de familles rurales.

Dans cette localité du territoire de Beni, les femmes ont fait de l’ananas une activité économique principale. Elles cultivent, récoltent, transportent et commercialisent les fruits en dépit des conditions souvent hostiles : routes dégradées, insécurité, manque d’infrastructures et instabilité économique. Loin des projecteurs, elles assurent la survie de leurs foyers grâce à leur travail acharné.

Le fruit juteux qu’elles proposent attire chaque jour la convoitise des voyageurs qui empruntent l’axe Butembo-Beni. Conducteurs de taxi-bus, militaires en mission ou simples passants s’arrêtent volontiers pour acheter, échanger ou marchander. Cette demande constante renforce la valeur stratégique de la production locale et fait de la route un point de vente dynamique et spontané.

Ces femmes rurales ne se contentent pas de vendre : elles résistent. Elles s’organisent entre elles pour maximiser les ventes, partagent les moyens de transport et développent des réseaux d’écoulement, malgré l’absence d’un soutien institutionnel.

Leur résilience illustre le rôle central que jouent les femmes dans l’économie informelle du Nord-Kivu. Derrière chaque ananas vendu se cache une journée de labeur, un repas pour une famille, des frais scolaires ou un traitement médical. Dans cette partie de la République Démocratique du Congo, l’ananas est bien plus qu’un fruit : il est devenu symbole de survie, d’ingéniosité et de dignité.

DKM