RDC : deux ans après la prise de Rutshuru et Kiwanja par le M23, la population continue de vivre sous la menace et les abus
Deux ans après la prise des communes rurales de Kiwanja et Rutshuru par la rébellion du M23, la population de cette région de l’Est de la République démocratique du Congo subit toujours de graves atteintes aux droits humains, selon les témoignages de Jean-Claude Mbabazi, président de la Société Civile du territoire de Rutshuru.
Le 29 octobre 2022, les rebelles du M23 ont occupé ces localités sans grande résistance de l’armée congolaise, qui s’était repliée vers le nord. Depuis, les conditions de vie des habitants se sont détériorées, marquées par des abus et un climat de peur.
Jean-Claude Mbabazi, actuellement en déplacement à Goma, dépeint une situation alarmante : « Les populations n'ont pas droit à l'expression et vivent un véritable calvaire. La plupart des gens n'ont même pas accès à leurs champs ; il y a eu des assassinats, des villages incendiés, et de nombreux habitants sont contraints de fuir sans espoir de retour. » Selon lui, certains groupements sont également touchés par des confiscations de terres, privant davantage les populations locales de leurs moyens de subsistance.
Les conséquences de cette occupation sont dramatiques. Des villages entiers ont été réduits en cendres, et des familles sont déplacées sans aucun soutien. « C’est l’enfer ouvert », résume Mbabazi, appelant les autorités et les Forces armées de la RDC (FARDC) à réaliser une évaluation approfondie de la situation sécuritaire et à agir pour rétablir l’ordre dans la région. « Il est temps que les FARDC fassent un bon diagnostic pour comprendre ce qui les empêche d’avancer. Ce n’est quand même pas sérieux », déclare-t-il.
Le même jour de la prise de Rutshuru et Kiwanja, des tirs d’artillerie ont été entendus à Kibuma, dans le territoire de Nyiragongo, signalant l’avancée continue des rebelles. La crise sécuritaire persistante et l’absence de solutions durables pour protéger la population civile continuent de susciter des préoccupations au sein de la société civile congolaise, qui appelle à une intervention plus efficace pour mettre fin aux souffrances des habitants de la région de Rutshuru.
Darlène RUSHAGO et DKM