Goma : la reprise des cours inquiète les parents réfugiés à l’étranger

Goma : la reprise des cours inquiète les parents réfugiés à l’étranger

Alors que les écoles ont rouvert leurs portes à Goma après la prise de la ville par le M23, de nombreux parents ayant fui les combats vers l’étranger s’inquiètent du retard scolaire que pourraient accumuler leurs enfants. Face à cette situation, certains envisagent de rentrer, malgré l’insécurité persistante, tandis que d’autres tentent de trouver des solutions alternatives pour éviter une année blanche.

Lors des affrontements qui ont conduit à la chute de Goma, plusieurs habitants ont trouvé refuge dans les pays voisins comme le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya. D’autres ont fui vers des provinces plus éloignées de la RDC, notamment Kinshasa.

Aujourd’hui, alors que la vie scolaire reprend dans certaines écoles conventionnées catholiques et privées de Goma, ces familles exilées se retrouvent face à un dilemme : rentrer malgré les risques sécuritaires ou rester et compromettre l’éducation de leurs enfants.

« Je sais que les activités ont repris dans l’école où mes enfants étudient, et cela nous a poussés, mon mari et moi, à nous organiser pour rentrer à Goma, bien que la situation sécuritaire ne nous rassure pas », témoigne une mère de quatre enfants réfugiée au Burundi.

D’autres parents, comme cette femme actuellement en Ouganda, expriment leurs craintes quant à l’avenir scolaire de leurs enfants :

« Maintenant que la ville est sous occupation de ceux qui nous ont poussés à fuir, nous hésitons à retourner à Goma. Nos enfants risquent donc de rater leur année scolaire. »

Face à l’incertitude, certains parents exilés à Kinshasa ont trouvé des solutions alternatives pour assurer la continuité de l’éducation de leurs enfants.

« Après deux semaines d’observation, nous avons estimé que la situation n’évoluait pas. Pour éviter que nos enfants perdent une année, nous avons entrepris des démarches pour les réinscrire dans des écoles ici à Kinshasa. Pour notre enfant à l’université, cela a été plus facile. Pour celui en secondaire, nous avons dû montrer son bulletin scolaire de Goma et recourir au trafic d’influence pour lui obtenir une place. En plus, on nous a exigé de payer la totalité des frais scolaires. Pour les trois autres en primaire, nous cherchons encore une école qui pourra les accueillir. »

D’autres familles, toujours en transit, réfléchissent à des alternatives adaptées à leur nouvelle situation. Une mère, actuellement en Ouganda, prépare son départ vers Kinshasa pour rejoindre son mari et envisage d’inscrire ses enfants dans un centre d’apprentissage de l’anglais en attendant une solution définitive.

Même pour les parents restés à Goma, la reprise des cours n’est pas sans difficultés. La situation économique de la ville reste critique : les salaires ne sont pas payés, les entrepreneurs peinent à relancer leurs activités et les banques demeurent fermées.

Les frais scolaires deviennent alors un casse-tête pour de nombreuses familles, qui s’interrogent sur leur capacité à assurer l’éducation de leurs enfants dans un contexte aussi précaire.

Alors que les cours reprennent progressivement, la question de l’accès à l’éducation reste un défi majeur pour des milliers d’élèves déplacés. La coordination entre les autorités locales, les écoles et les organisations humanitaires sera essentielle pour éviter une crise éducative qui pourrait compromettre l’avenir de toute une génération.

Godamu