10 ans après les massacres en territoire de Beni : les survivants déplacés vivent dans des conditions précaires

10 ans après les massacres en territoire de Beni : les survivants déplacés vivent dans des conditions précaires

Dix ans se sont écoulés depuis le début des massacres sanglants perpétrés par les rebelles ADF dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu. Depuis cette première attaque meurtrière du 2 octobre 2014, la population civile de la région vit dans la terreur, malgré les efforts répétés de l'armée congolaise pour éradiquer ces groupes terroristes, selon les observations de la société civile locale.

Ce jour-là, les villages paisibles de Mukoko et Kokola ont été pris pour cible par des hommes armés, supposés appartenir aux Forces démocratiques alliées (ADF). L'attaque brutale a tué 2 personnes à l'arme blanche, et quelques jours plus tard, un massacre d'une centaine de personnes a eu lieu à M'Vemba. Depuis, le territoire de Beni est devenu un champ de violence constante, avec des massacres réguliers, pour la plupart commis à l'arme blanche, forçant des milliers de personnes à fuir vers des zones plus sécurisées.

Les déplacés internes qui ont échappé aux violences se retrouvent aujourd'hui dans des conditions de vie extrêmement difficiles, notamment dans les camps de déplacés de la région. Au camp d'Ibo, situé au nord de la commune rurale d'Oicha, des familles entières luttent pour survivre sans assistance humanitaire.

Dorcas Dam, une veuve âgée d'environ 50 ans, mère de sept enfants, est l'une des déplacées qui a fui son village de Mapendo Nzelewa il y a quatre ans. Elle vend des rameaux récoltés dans les champs environnants pour nourrir sa famille. Mais sa situation reste précaire.

« Je suis arrivée ici avec mes enfants, mais toutes les tentes étaient déjà occupées. Depuis, je dors dehors avec eux, exposée à tous les dangers. Nous n'avons plus d'aide des organisations humanitaires, et il est difficile de trouver à manger. Je récolte les rameaux dans les champs autour du camp, mais c'est risqué car l'ennemi rôde encore dans la zone », témoigne-t-elle.

Kavugho Kalambayi, également déplacée et survivante des massacres, espère quant à elle un retour à la paix afin de pouvoir rentrer dans son village.

« Je fais des petits métiers pour nourrir ma famille, mais cela ne rapporte pas grand-chose. La vie est dure ici. Je rêve de retourner chez moi », explique-t-elle.

Autrefois majoritairement agricultrice, la population de Beni ne peut plus vaquer librement à ses activités champêtres à cause de l'insécurité permanente. Cette situation affecte gravement les moyens de subsistance des habitants, contraints de vivre sous la menace constante des ADF.

Omar Kalysia, président de la société civile du territoire de Beni, souligne que certaines zones commencent à retrouver un semblant de calme grâce aux opérations militaires conjointes entre les armées congolaise et ougandaise.

Cependant, de nombreuses localités sont encore sous la menace des terroristes, plongeant la population dans une peur constante. 

« Je présente mes compassions à toute la population de Beni. Nous ressentons chaque jour la douleur des massacres qui ont commencé ce jour fatidique du 2 octobre 2014. Ce qui nous blesse, ce n'est pas seulement la mort de nos proches, mais aussi la brutalité avec laquelle ils sont tués. En tant qu'agriculteurs, nous nous rendons dans nos champs sans savoir si nous reviendrons en vie, et souvent ce sont des corps sans vie qui reviennent », a-t-il déclaré.

M. Kalysia a exhorté le gouvernement à intensifier son soutien aux forces armées sur le terrain afin de libérer les zones encore occupées par les ADF, telles que celles situées le long de l'axe Mamove-Beu Manyama-Baiti et dans la région de Chani Chani-Samboko, récemment libérées.

Malgré une décennie de violences, les populations déplacées de Beni continuent d'espérer la paix et le retour à une vie normale, tandis que les efforts militaires se poursuivent pour libérer totalement cette région meurtrie.