Débat sur la révision constitutionnelle en RDC : Opposition et Majorité en désaccord
Le débat sur une éventuelle révision constitutionnelle a refait surface au sein de la classe politique congolaise après des propos polémiques du secrétaire général de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social, Augustin Kabuya ; tenus il y a quelques jours dans un échange avec les militants du parti présidentiel.
Pour l’UDPS, l’actuelle constitution de la RDC est à la base des blocages récurrents des institutions de la République.
Augustin Kabuya a même affirmé que cela ramène pratiquement le mandat présidentiel de 5 à 3 ans, du fait des retards cumulés.
Un avis partagé par Gédéon Sepengwa, Président de la Ligue des Jeunes de l’UDPS/Goma, qui explique que le parti présidentiel a toujours demandé la révision constitutionnelle.
Jugeant cette démarche légale, il estime qu’elle doit toutefois être soumise à un référendum : « Il ne faut pas mal interpréter cette démarche qui est en fait une des réformes courages que nous voulons apportées et que nous défendons depuis bien longtemps. La révision constitution est prévue et on ne peut pas nous interdire de la faire », a-t-il expliqué.
Pendant ce temps, une bonne partie de l’opposition rejette l’idée d’une révision constitutionnelle, la jugeant inopportune au vu de multiples défis auxquels fait face la RDC.
Georges Bingi, Secrétaire exécutif provincial de l’ECiDé, le parti de Martin Fayulu, explique que celle-ci traduit la volonté du Président Félix Tshisekedi de s’octroyer le droit de briguer un 3ème mandat après 2028 : « Il n’y a ni opportunité, ni urgence, ni nécessité de modifier un seul article de la constitution de la RDC. Cela démontre une volonté du Président Félix Tshisekedi de s’éterniser au pouvoir, et nous ne pouvons accepter cela », a-t-il signifié pour sa part
L’état de siège, principale contrainte
Interrogé sur cette question, Me. Vascos Saasita, un juriste basé à Goma, affirme que la révision est prévue par la constitution même si certains articles sont verrouillés.
Il explique toutefois qu’actuellement on ne peut procéder à la révision constitutionnelle au vu du régime exceptionnel d’état de siège sur une partie du territoire national : « La constitution, à son article 2019, dispose qu’aucune révision ne peut intervenir pendant l’état de guerre, l’état d’urgence ou l’état de siège ; ni pendant l’intérim à la Présidence de la République ni lorsque l’assemblée nationale et le sénat se trouvent empêchés de siéger librement », soutient-il.
Tout en précisant que cela ne peut pas bloquer les partisans à cette proposition, Me. Vascos Saasita s’interroge quant à lui sur la nécessité et l'opportunité de réviser la constitution : « La question qu’il faut se poser est celle de savoir si la constitution actuelle de la RDC pose problème ? Si oui, à quel niveau ? Et cela peut alors ouvrir la voie à une révision spécifique et qui soit de nature à améliorer le vécu quotidien des congolais », a-t-il ajouté.
Pour rappel, le Président Félix Tshisekedi s’était lui-même déjà exprimé sur cette question et avait fait savoir qu’il mettrait en place « une commission nationale multidisciplinaire qui sera appelée à réfléchir sur la manière de doter le pays d'une nouvelle constitution. »